Je suis l’un des animateurs d’EuroPalestine, une association créée il y a quinze ans, lorsque, comme pour pas mal d’autres amis du peuple palestinien, le mirage des accords d’Oslo et du prétendu ‘processus de paix’ s’est dissipé, et que nous avons constaté ce qui aurait dû être une évidence, à savoir qu’Israël n’avait jamais eu l’intention de faire de concessions, même de manière limitée, au mouvement de libération nationale du peuple palestinien.
Nous avons fait la connaissance de Torab quelque temps après, vers 2005 si ma mémoire ne me trahit pas. Torah nous a longuement expliqué sa trajectoire militante, en insistant sur le fait que tout en étant bien entendu investi dans la situation et la lutte en direction de l’Iran, il avait toujours considéré la Palestine comme un enjeu majeur pour tout internationaliste conséquent, ce qu’il était au plus profond de lui-même.
A EuroPalestine, où il participait régulièrement aux manifestations de rue et réunions organisées à la librairie Résistances, tous ceux qui l’ont fréquenté ont pu apprécier sa curiosité permanente pour les affaires de Palestine, et se grande générosité, bien que celle-ci fut dispensée en toute discrétion.
J’ai le vif souvenir de cette journée de septembre 2009, où nous étions partis à plus de 100, de France et de Belgique, accompagner la jeune Gazaouie Amira al Karem, terriblement blessée par les bombardements israéliens du début de l’année (l’opération dite « Plomb Durci », qui fit plus de 1.400 morts dans la population palestinienne), pour porter plainte contre l’Etat d’Israël auprès de la Cour Pénale Internationale à La Haye (Pays-Bas).
Ce fut un voyage éprouvant pour Torab puisque la police hollandaise, probablement orientée par les services israéliens, bloqua nos autocars pendant plus d’une heure, exigeant de voir les papiers de chacun des passagers. Par mesure de prudence, Torab dut s’éclipser, et on lui raconta le reste de la journée une fois rentrés à Paris.
La suite, vous la connaissez malheureusement. Quelque temps après, la maladie commença à s’installer. Torah continua néanmoins chaque fois qu’il le put de venir à nos réunions, et ce jusqu’à son hospitalisation à Limeil-Brévannes.
Habib, en m’annonçant la triste nouvelle, m’a appris que le soir même précédant son décès, Torab travaillait encore à la traduction d’un papier sur le mouvement de boycott d’Israël, et sa répression par le gouvernement français.
Nous tâcherons pour notre part d’être fidèles à ta mémoire, Torab, en poursuivant la lutte contre le colonialisme et l’apartheid.
Merci à tous.
Nicolas Shahshahani